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PREMIÈRE PARTIE

venir quand je vous voyois tous les jours ; mais vous m’avez bien appris qu’il faut que je me soumette à tout ce que vous voudrez. Cependant je ne me repens point de vous avoir adoré ; je suis bien aise que vous m’ayez séduite ; votre absence rigoureuse, et peut-être éternelle, ne diminue en rien l’emportement de mon amour ; je veux que tout le monde le sache ; je n’en fais point un mystère, et je suis ravie d’avoir fait tout ce que j’ai fait pour vous contre toute sorte de bienséance. Je ne mets plus mon honneur, et ma religion qu’à vous aimer éperdument toute ma vie, puisque j’ai commencé à vous aimer. Je ne vous dis point toutes ces choses pour vous obliger à m’écrire. Ah ! ne vous contraignez point, je ne veux de vous que ce qui viendra de votre mouvement, et je refuse tous les témoignages de votre amour dont vous pourriez vous empêcher. J’aurai du plaisir à vous excuser, parce que vous aurez peut-être, du plaisir à ne pas prendre la peine de m’écrire ; et je sens une profonde disposition à vous pardonner toutes vos fautes. Un officier français a eu la charité de me parler ce matin plus de trois heures de vous, il m’a dit que la