votion, la crainte de ruiner entièrement le reste de ma santé par tant de veilles et par tant d’inquiétudes, le peu d’apparence de votre retour, la froideur de votre passion et de vos derniers adieux, votre départ fondé sur d’assez méchants prétextes, et mille autres raisons, qui ne sont que trop bonnes et que trop inutiles, sembloient me promettre un secours assez assuré, s’il me devenoit nécessaire. N’ayant enfin à combattre que contre moi-même, je ne pouvois jamais me défier de toutes les foiblesses, ni appréhender tout ce que je souffre aujourd’hui. Hélas que je suis à plaindre de ne partager pas mes douleurs avec vous et d’être toute seule malheureuse ! Cette pensée me tue, et je meurs de frayeur que vous n’ayez jamais été extrêmement sensible à tous nos plaisirs. Oui, je connois présentement la mauvaise foi de tous vos mouvemens : vous m’avez trahie toutes les fois que vous m’avez dit que vous étiez ravi d’être seul avec moi. Je ne dois qu’à mes importunités vos empressemens, et vos transports ; vous aviez fait de sang-froid un dessein de m’enflammer ; vous n’avez regardé ma passion que comme une victoire, et votre cœur n’en a jamais été profondément touché. N’êtes-vous pas bien
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LETTRES PORTUGAISES