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Page:Lettres portugaises, éd. Piedagnel, 1876.djvu/50

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LETTRES PORTUGAISES

justifient les miens en quelque façon, et je voudrois que toutes les femmes de France vous trouvassent aimable, qu’aucune ne vous aimât et qu’aucune ne vous plût. Ce projet est ridicule et impossible ; néanmoins j’ai assez éprouvé que vous n’êtes guère capable d’un grand entêtement, et que vous pourrez bien m’oublier sans aucun secours et sans y être contraint par une nouvelle passion. Peut-être voudrois-je que vous eussiez quelque prétexte raisonnable. Il est vrai que je serois plus malheureuse, mais vous ne seriez pas si coupable. Je vois bien que vous demeurerez en France sans de grands plaisirs, avec une entière liberté : la fatigue d’un long voyage, quelque petite bienséance, et la crainte de ne répondre pas à mes transports, vous retiennent. Ah ! ne m’appréhendez point. Je me contenterai de vous voir de temps en temps et de savoir seulement que nous sommes en même lieu ; mais je me flatte peut-être, et vous serez plus touché de la rigueur et de la sévérité d’une autre que vous ne l’avez été de mes faveurs. Est-il possible que vous serez enflammé par de mauvais traitements ? Mais avant que de vous engager dans une grande passion, pensez bien