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DEUXIÈME PARTIE

la reconnoissance, vous m’avez toujours vue la plus passionnée de toutes les amantes ! Un si beau caractère ne vous donnera-t-il point d’émulation ? Aimez, mon cher insensible, aimez autant que vous êtes aimé ! il n’y a de plaisir véritable pour l’âme que dans l’amour : l’excès de la joie nait de l’excès de la passion, et la tiédeur fait plus de tort aux gens qui en sont capables qu’à ceux contre qui elle agit. Ah ! si vous aviez bien éprouvé ce que c’est qu’un véritable transport amoureux, combien porteriez-vous d’envie à ceux qui le ressentent ! Je ne voudrois pas, pour votre cœur même, être capable de votre tranquillité ; je suis jalouse de mes transports comme du plus grand bien que j’aie jamais possédé, et j’aimerois mieux être condamnée à ne vous voir de ma vie qu’à vous voir sans emportement.