Page:Leury - Histoire de Rouyn.djvu/12

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-- EGLISE St MICHEL ARCHANGE --


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(Suite)

Les Missions par les Pères Fugère et Levesque n’étant qu’intermittentes, la population augmentant continuellement et la Mine Noranda faisant des travaux qui allaient demander une nombreuse main d’œuvre, les résidents de Rouyn décidèrent à la suite d’une assemblée publique de faire une demande à Mgr Rhéaume, évêque du diocèse, pour obtenir un prêtre ⁁résident. Une requête fut signée, et, le 15 Février 1925, remise à Mgr. A ce moment le diocèse n’était pas riche en prêtres et beaucoup de places réclamaient, eux aussi, des pasteurs. Cependant, Monseigneur prend en considération la requête et envoie Monsieur l’abbé Fernando Boisvert, curé de St Pierre de Taschereau, faire une enquête. La conclusion fut que, vu les développements progressifs de la communauté, un prêtre résident était une nécessité qui s’imposait. Mgr Rhéaume approuva alors la demande. Mais qui envoyer là ? Il fallait un prêtre jeune, au cœur ardent, que rebuteraient aucuns sacrifices matériel ou moral. Son choix se fixa sur son jeune Curé de New-Liskeard. Il le connaissait et savait que ses qualités le désignaient pour cette tâche. Comme jadis N. S. avant son Ascension, envoyait ses disciples prêcher son Evangile, il lui dit : « Je vous envoie là où vous n’aurez pas un toit pour vous abriter, là où les brebis du Seigneur ont sacrifié Dieu Mammon. Vous irez réconforter les bons, ramener au bercail les brebis égarées. Tout est à édifier, mais avec l’aide de Dieu vous ferez de grandes choses. » Et l’abbé Albert Pelletier, qui avait lui-même signé, le 25 Avril 1925, le décret canonnique érigeant la communauté de Rouyn en paroisse, se prépara à aller prendre possession de son nouveau poste. Bien des fatigues, bien des luttes l’attendaient là-bas, mais « fiat voluntas tus, Domine. » Placé à la tête d’une des paroisses les plus importantes du diocèse il aurait pu refuser ; mais il était prêtre et cela disait tout pour lui. Le 1er Juin 1925, à l’ouverture du beau mois du Sacré-Cœur, il disait au revoir à son Chef, Mgr Rhéaume, et à ses dévoués collaborateurs dans le ministère et il prenait le chemin de l’inconnu, la route de Rouyn.

Nous allons laisser à Monsieur l’abbé Pelletier le soin de nous conter avec sa verve coutumière les incidents de ce voyage.


--- « VERS LA CONQUETE » ---


1er Juin 1925.

« Treize, quatorze, c’est bien ça, toutes les caisses y sont et la chapelle portative aussi. Le camion démarre derrière l’évéché de New-Liskeard et en route pour Angliers. La pluie tombe à torrent et la route devient dangereuse. Mon chauffeur veut fermer un volet, mais mal lui en prend, sa voiture laisse le chemin et reste en suspend sur le bord du fossé retenue seulement par une forte bille consolidant les approches du ponceau. A terre les 14 caisses et tout le bagage. Une paire de chevaux s’amène et nous tire d’embarras. Diner à Notre Dame du Nord et nous voilà glissant dans le fameux ravin de Nédélec. La descente s’effectue sans incident, mais la montée s’annonce moins facile. Le moteur chauffe et étouffe à chaque tournant. Armé d’un gros pieux je suis la charge que les freins refusent de retenir. Quand le moteur est à bout de souffle, je pose le pieu en travers des roues et… comme la mouche de La Fontaine, nous respirons. »

« Au bruit sourd des rapides nous devinons le barrage d’Angliers que nous franchirons bientôt sur la digue. L’énorme masse d’eau tombe avec fracas sur le roc et une épaisse buée monte jusqu’à nous. »

« Le Département des Terres et Forêts a établi à Angliers une base d’opération pour le service de la protection des forêts. L’établissement comprend une résidence spacieuse et confortable et un immense hangar pour l’outillage des