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garde-feux ; j’y laisse mon bagage et je passe la nuit chez M. Turcotte qui occupe présentement la résidence avec quelques employés. »…


2 Juin 1925.--

« Messe dans le hangar à laquelle assistent un groupe de garde-feux et quelques personnes du village qui compte à peine une vingtaine de maisons. L’autel improvisé est installé sur des caisses d’emballage. Le pilote fait son plein d’essence pendant que les gars entassent sur le pointer tous mes effets, auxquels l’Hon. H. Mercier veut bien ajouter une moto-godille, une tente de toile, deux lits d’acier garnis de couvertures. Pendant six heures, nous voguons sur l’imposant lac des Quinze. Il fait chaud et pas la moindre brise ne vient rider cette immense nappe d’eau. Grâce au barrage, l’eau atteint maintenant des têtes d’arbres et naviguer dans pareil décor me rappelle les exploits de chasse-galerie illustrés dans l’Almanach du Peuple. »

« Vers 11 heures nous doublons la « pointe des Sauvages  » , où s’élève une modeste chapelle. C’est à cet endroit que le Père Evain, O. M. I. vient rencontrer ses ouailles chaque printemps. Un poste de garde-feux à gauche, l’Ile de Brown, à droite et le bateau s’engage dans l’Ottawa. A douze milles en amont de la rivière se trouve le rapide de l’Esturgeon qu’il est impossible de franchir. On décharge le contenu du bateau que des voitures transportent à la tête du rapide et où attend un autre bateau. Le portage mesure 3/4 de mille et la journée est fort avancée, lorsque le transbordement est terminé. En compagnie du pilote, Monsieur Gaston Barras, je passe la nuit dans un camp de gardes-feux bâti à quelques pieds de la rive. Les cousins nous acclament, insistent à nous tenir compagnie et ne nous laissent point de répit. Mes compagnons plus habitués aux mœurs de ces insectes se sont protégés de moustiquaires et je dois faire face à l’orchestre. Jusques aux souris qui veulent être de la partie. A l’aide d’une torche électrique je les aperçois en frais de grignoter mon goûter.

Carte officielle Témiscamingue et Abitibi montrant la route Angliers-Rouyn empruntée par les pionniers.[1]


3 Juin 1925.--

Le Camp des Gardes-Feux à Rouyn. ⁁1er  Presbytère et chapelle

« L’ennui naquit un jour de l’uniformité. Sur une distance de 65 milles nous suivons l’Ottawa, puis la Kinojévis qui sillonnent une forêt vierge. Le paysage d’enchanteur au début, devient monotone après quelques heures. A 3 heures, arrêt au poste des gardes-feux à la pointe aux allemands, (German’s Point). Le temps de casser une croûte et nous démarrons. A 18 milles du poste, nous laissons la Kinojévis pour nous engager dans un étroit ruisseau. Les roseaux nous cachent le chenal, mais de longues baguettes nous guident vers la décharge. Bordé de gros trembles et d’aulnes touffus, ce méandre offre un spectacle ravissant, surtout à la tombée du jour. Il nous reste à franchir le lac de Rouyn, deux milles environ, et nous arrivons à destination. M. Martial Dumulon m’accompagne jusqu’au village de Rouyn, pendant que M. Léon Doyon s’occupe du bagage. Le chemin de portage est tortueux et à une longueur de un mille et demi ponté de troncs. Sur le côté du lac Osisko, une vingtaine de chantiers en bois rond et quelques habitations en planche sont disséminés sur une superficie d’une dizaine d’âcres. Les premiers arrivés prospecteurs pour la plupart, ont construit leur hutte au petit bonheur, aussi près du lac que possible. La Cie Smellie & Blake a acquis les droits miniers du terrain ainsi occupé, mais, devant l’élan de progrès, le lottissement s’impose et les arpenteurs se mettent à l’œuvre. Les lignes sont tirées et les lots à bâtir s’enlèvent comme des petits pains chauds. Les

  1. Carte officielle Témiscamingue et Abitibi avec ajout des portages, du chemin d’hiver et de la voie navigable utilisés par les pionniers pour se rendre à Rouyn à partir d’Angliers, Ministère des Terres et Forêts, 1924, Fonds Société du patrimoine Rivière-des-Quinze, BAnQ de Rouyn-Noranda ; NdÉ.