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la population de vouloir bien construire un abri flottant à l’aide de corps d’arbres afin de permettre à xx tous de s’y réfugier en cas de danger.

Mais ce qui réjouit le plus le cœur des paroissiens fut d’apprendre la venue de son Excellence Mgr Rhéaume. Laissons ⁁encore la parole à M. le Curé pour conter cet événement.

« Accompagné du Pére A. Bourassa, O. M. I., curé de Ville-Marie, Monseigneur suit la même route que je parcourais en juin dernier, cependant, au lieu de passer la nuit aux rapides de l’Esturgeon, il se rend avec une dizaine de gardes-feux jusqu’à la Pointe aux Allemands, où je vais le rencontrer avec ma chapelle portative. Le camp est en bois rond et divisé en trois piéces, deux chambres à coucher avec grabats que l’on offre gracieusement à Monseigneur et à ses compagnons et la cuisine où l’on s’entasse à qui mieux mieux. A cause des moustiques qui sont légion, chaque lit est garni d’une espéce de cage en coton à fromage qu’il faut secouer avant de se mettre au lit ; sans cette opération on risque d’emprisonner avec soi quantité de maringouins qui ont toujours le dessus, même quand c’est un évéque. Couché sous l’autel improvisé, je me levai d’assez grand matin pour m’acquitter de mes fonctions de sacristain ; de vieilles chaudiéres furent remplies de copeaux et de mousse et, de ces encensoirs nouveau genre, monta une épaisse fumée qui enveloppa l’autel et tout le sanctuaire, mais qui eut Arrivée de Mgr Rhéaume au landing de Rouyn.[1] pour effet de chasser les maringouins voire même quelques assistants. Quelques heures après le déjeuner, nous étions à Rouyn. L’arrivée du Chef du diocése fut sans apparat, quelques drapeaux et oriflammes garnissant les chantiers… et ce fut tout. Ma cuisiniére étant en vacances, je reçus Sa Grandeur dans mon chantier. Le lendemain, dimanche, messes à la salle Peppin, allocution au cours de laquelle la population toute heureuse apprend que l’on bâtira incessamment une école-chapelle. Dans la soirée feu d’artifice sur l’ile Gamble et promenade sur le lac. Le lendemain Monseigneur nous quitte pour Angliers avec son escorte. »

Cette visite de l’évéque eut pour conséquencerésultat de lui faire comprendre les possibilités futures de Rouyn et nous devons féléciter Son Excellence d’avoir su les comprendre, car il fallait avoir une foi forte et une grande vision pour lire l’avenir dans l’embryon qui existait alors. Aussi, Monsieur le Curé, en remerciant, le dimanche suivant, le 11 juinllet, les personnes qui avaient prêté leur concours pour la réception de Sa Grandeur, pouvait-il affirmer que Mgr Rhéaume avait été touché de l’accueil bienveillant de la population et qu’il était parti entièrement disposé à nous aider de tout son pouvoir.


Grande tente sur une charpente de bois.[2] En attendant les constructions promises, des tentes avaient été commandées. Elles furent dressées, (26 Juillet 1925), sur le terrain à coté du camp en bois ronds des gardes-feux. La grande tente, montée sur une charpente de bois rond écorcé et reposant sur un plancher de madriers, fait contraste avec le feuillage des bouleaux qui l’entourent ; les fidéles paraissent heureux sous ce toit de coton que la brise du lac fait onduler. Ce qui gâte le charme du nouveau temple, c’est le manque de portes ; chiens et chats suivent leurs maitres à la messe et il se produit entre ces animaux des altercations qui n’ont rien de liturgique. Pour donner plus de grandeur aux offices religieux il faut un harmonium. M. le Curé n’eut qu’à en exprimer le désir et deux jours aprés la somme de $122.05 fut amassée et cela grâce au généreux travail de Mesdames Dumulon : $75.75, Moffat : $15.50, Gagné : $16.00, Latulippe : $17.25, Carey : $35.00. L’on ne pouvait dire de grand’messe solemnelle, l’on manquait de bénitier, d’encensoir et de chape. Les choses s’arrangèrent sans difficulté, M. Olivier Burke donna le bénitier, M. R. Gagné l’encensoir. M. le Curé procura la chape. Maintenant, grâce à une chorale encore faible, mais bien entraînée, la grand’messe put être célébrée avec quelque pompe. Deuxiéme tente servant de sanctuaire.[3] Une deuxiéme tente fut adossée à la grande et servit de sanctuaire. Le mobilier était simple, signe des premiers temps de l’Eglise, mais le bon Pére avait dit à ses ouailles de réserver leur générosité pour la chapelle qui allait se construire. Une caisse d’emballage servit à construire l’autel, à gauche de l’autel fut placé le confessionnal formé d’une chaise et d’un rideau, sur une petite table à droite reposait la valise-chapelle. Deux bancs latéraux étaient occupés par les enfants des deux sexes. Avoir un harmonium était une belle chose, mais il fallait un organiste

  1. Arrivée de Mgr Rhéaume au landing de Rouyn, Inconnu, vers 1926, Fonds Comité du 50e anniversaire de Rouyn-Noranda, BAnQ de Rouyn-Noranda.
  2. Tente-chapelle où prennent place les fidèles, Inconnu, 1925, Fonds Comité du 50e anniversaire de Rouyn-Noranda, BAnQ de Rouyn-Noranda ; NdÉ.
  3. Tente servant de sanctuaire, Inconnu, 1925, Fonds Comité du 50e anniversaire de Rouyn-Noranda, BAnQ de Rouyn-Noranda ; NdÉ