guides durent plusieurs ⁁fois se mettre à l’eau pour pousser les embarcations qui s’enlisaient.
En⁁fin, vers les trois heures nous abordions sur la rive ouest du lac Rouyn. Du lac Rouyn au lac Trémoy il restait à parcourir trois milles à travers la forêt, dans un sentier à peine ébauché, véritable chemin « tortueux, raboteux », dont parle l’évangile. Bagages au dos, ce n’est qu’après deux heures d’une ⁁de marche que j’arrivai enfin à la ⁁Terre-⁁Promise.
J’étais à Rouyn !… Nom magique qui commençait à atti⁁rer l’attention de l’univers par suite de découvertes qu’on disait fabuleuses. Vous décrire le Rouyn d’alors est facile, car il n’y en avait pas. C’était la foret… Sur une pointe avançant dans le lac, Monsieur Joseph Dumoulon de Ville Marie avait construit un grand camp qui servait de magasin, de bureau du poste et de demeure ⁁pour la famille. À l’est, à quelques acres, le camp des gardes-feux. En face du magasin dans une petite éclaircie un autre camp, c’était le bureau du syndicat qui vendait les emplacements de la future ville. Plus loin, vers l’ouest, en pleine foret, des ouvriers commençaient la construction d’une grande bâtisse : l’Hotel National, je crois. C’est là, au bord du lac, dans le magasin ⁁de Mr Dumoulon, sur le comptoir transformé en un autel pieusement décoré par Madame Dumoulon et ses jeunes filles, que le ⁁Créateur de l’or et du cuivre descendit pour la première fois sur cette terre fortunée. C’était jeudi 10 octobre 1924. Une cinquantaine de personnes, prospecteurs, trappeurs, garde forestiers et tous les membres de la famille Dumoulon assistèrent à la sainte messe. Plusieurs reçurent la sainte communion et firent en commun l’action de graces.
- ↑ Chemin de rondins reliant le lac Rouyn au lac Trémoy, Vavasour & Dick, vers 1930, Fonds Fonderie Horne, BAnQ de Rouyn-Noranda ; NdÉ.