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LES SŒURS GRISES DE LA CROIX A ROUYN




Octobre 1925… Plus d’une fois depuis un an le nom de la ville naissante de Rouyn, dans le Témiscamingue, avait résonné aux oreilles Sœur Marcelline à la pêche au lac Dufault.[1] des Sœurs Grises d’Ottawa, comme un appel lointain à leur zéle pour le soulagement des malades et pour l’éducation des enfants de cette région nouvelle. L’entreprise ne manquait pas d’attraits, surtout quand l’invitation pressant sortait des lévres apostoliques de Son Excellence Mgr Rhéaume, O. M. I., évéque de Haileybury. Le 27 septembre 1925, la Rév. Mére St Albert, Supérieure Générale, et son Conseil promirent à Son Excellence quatre religieuses pour la fin d’octobre : une Supérieure faisant l’office de pharmacienne et présidant au dispensaire, deux maitresses de classe et une cuisinière, Sr Ste Marcelline, Sr Ste Judith, Sr Charles-Ovide et Sr M-Elmire.

Le 20 Septembre fut choisi pour le Jour du départ. Les voyageuses s’embarquèrent pour Mattawa, où elles firent une courte visite à leurs Sœurs de l’hopital de l’endroit ⁁pour continuer ensuite jusqu’à Ville-Marie. Là, heureusement encore, les missionnaires firent encore halte au Couvent et à l’hopital, tenus aussi par les Sœurs Grises. Elles y passérent la nuit. Le lendemain, Monseigneur, après avoir dit la messe pour les fondatrices, leur donna sa bénédiction et, de nouveau, elles partirent en automobile, se dirigeant vers Angliers. Les chemins étaient très mauvais et, cela, pour trente et un milles. Arrivées vers sept heures et demi du soir, les Sœurs furent logées dans une maison du Gouvernement. Le trajet se continuait le lendemain en bâteau à gasoline, sur un parcours de cent dix milles : lac des Quinze, lac Expanse, riviéres Outaouais, et, après 45 milles et un portage de trois quarts de mille dans la terre glaise, les rivières Outaouais, Kinojévis, lacs Caron, Vallet, Routhier et Rouyn, où il fallait couper la glace d’un pouce ; le bâteau échoua deux fois, il faisait très sombre.


Les quatre Sœurs Grises de la Croix devant la tente qui servit d’école temporaire.[2]


Monsieur le Curé, Albert Pelletier, était venu à la rencontre des religieuses, sans se faire reconnaître tout de suite. Un dernier portage Première école de Rouyn, à droite, le premier presbytère et, à l’arrière, on entrevoit l’hôpital des Saints Anges en construction.[3] d’un mille et demi, puis la traversée du lac Trémoy, en chaloupe, et les missionnaires atteignaient le camp des garde-feux que Monsieur le Curé occupait lui-même depuis quelque temps et qui servait de chapelle en attendant que l’école fut finie. L’école-chapelle en construction était un bâtisse de 34 X 54 et ne comprenait que deux étages. L’étage supérieur devait servir d’église le dimanche. C’est aujourd’hui l’école St Louis. L’entrée des classes se fit le 8 novembre 1925 dans la nouvelle école et cinquante enfants se présentérent. Le 3 Mars 1926, la gente écoliére avait augmentée et l’on dut prendre la place dans la chapelle pour deux autres classes. Mais bientôt l’espace entier fut requis et la chapelle dut déménager au Théâtre Régal. Deux ans après sa fondation Rouyn x avait une école de huit classes. La ruée se faisait et les familles arrivaient toujours en plus grand nombre. Il falut que les Commissaires songeassent à procurer un autre local et c’est alors que se construisit l’école St Joseph. A la rentrée des classes, en septembre, l’école St Joseph n’étant pas encore préte et celle de Noranda n’ayant pas de pupitres, on dut diviser les élèves en deux groupes : avant-midi, de huit heures à midi, et après-midi de une heure à cinq heures.

Lorsque l’ouverture se fit, il y eut deux classes en anglais et une institutrice fut engagée pour les grands garçons.

  1. Sœur Marcelline fait partie des quatre religieuses de la Communauté des Sœurs Grises de la Croix d’Ottawa qui sont arrivées à Rouyn au mois d’octobre 1925. Deux d’entre elles se sont consacrées à l’enseignement, tandis que les deux autres, dont Sœur Jeanne-Cécile, ont choisi le métier d’infirmière. La religieuse pose ici dans la chaloupe du curé Pelletier, avec sa prise du jour., Inconnu, 1926, Fonds Comité du 50e anniversaire de Rouyn-Noranda, BAnQ de Rouyn-Noranda ; NdÉ.
  2. Les quatre Sœurs Grises de la Croix devant la tente qui a servi d’école temporaire en attendant la fin des travaux de construction de l’école Saint-Louis-de-Gonzague, Inconnu, 1926, Fonds Société d’histoire de Rouyn-Noranda, série Albert Pelletier, BAnQ de Rouyn-Noranda ; NdÉ.
  3. Première école de Rouyn, à droite, le premier presbytère et, à l’arrière, on entrevoit l’hôpital des Saints Anges en construction, Inconnu, 1925, Fonds Ministère des Richesses naturelles, BAnQ Québec ; NdÉ.