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XXXV

culiers, parmi lesquels était don Hernando de Tolède, seigneur de Cigalès, qui fut pour lui un ami fidèle et dévoué. Il est probable que ses nouvelles occupations le retinrent en Andalousie jusqu’en 1603. À cette époque, il se rendit à Valladolid, où résidait la cour. Des pièces authentiques écrites de sa main attestent qu’il s’y trouvait dès le 8 du mois de février, probablement pour rendre compte de sa gestion, car il ne s’était pas encore présenté devant le conseil de la trésorerie ; on ignore pour quel motif. Ce fait, peu important par lui-même, prouverait au besoin le désordre qui régnait en Espagne dans l’administration des finances, si d’autres faits plus considérables ne le démontraient d’ailleurs.

Ce qui est certain, c’est que dans cette affaire déplorable, Cervantes ne saurait être l’objet d’un soupçon ; car lui-même parle de son emprisonnement avec une franchise qui prouve en sa faveur, et d’autre part, ses ennemis les plus acharnés ne l’attaquèrent jamais sur ce point qu’en termes obscurs et d’une manière indirecte. Don Gregorio Mayans a remarqué, avec beaucoup de bon sens et de sagacité, que Cervantes n’eût pas parlé de sa prison, s’il n’avait été innocent et parfaitement irréprochable. La probité a-t-elle besoin d’être défendue ? Qui oserait flétrir d’un simple soupçon celui qui a pu dire de lui : Je ne suis jamais la voie du mensonge, nunca pongo los pies por do camina… la mentira ?