Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/117

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« Tout en parlant, il nous introduisit dans la chambre où j’avais remarqué le feu, et il me fit asseoir dans un bon fauteuil placé au coin de la cheminée. Une femme, que je supposai être celle de mon hôte, se leva de son siège à mon entrée, et me reçut en me faisant une légère et froide révérence ; elle ne répondit point à mon compliment, mais se rasseyant aussitôt, elle se remit à l’ouvrage qui l’occupait. Les manières de son mari étaient aussi prévenantes que les siennes étaient rudes et repoussantes.

« Je voudrais pouvoir vous loger plus convenablement, monsieur, » dit-il, « mais nous ne pouvons pas nous vanter d’avoir beaucoup de place de trop dans cette chaumière. Pourtant nous ferons en sorte de vous donner une chambre pour vous et une pour votre domestique. Il faudra vous contenter d’une maigre chère ; mais ce que nous avons, croyez que nous vous l’offrons de bon cœur. » Puis se tournant vers sa femme : « Comment restez-vous assise là, Marguerite, d’un air aussi tranquille que si vous n’aviez rien de mieux à faire ? Trémoussons-nous, femme ! trémoussons-nous ! préparez à souper, aveignez des draps ; ici, ici ! mettez des bûches au feu ; ce monsieur semble mort de froid. »

« La femme jeta brusquement son ouvrage sur la table, et se mit à exécuter ces ordres avec une mauvaise volonté visible. Sa physionomie m’avait déplu de prime abord ; cependant, après tout, ses traits étaient beaux incontestablement, mais elle était jaune et maigre : sa mine était sombre et refrognée, et offrait des marques si évidentes d’humeur et de désobligeance, qu’elles n’auraient pu échapper au moins attentif des observateurs. Chacun de ses regards et de ses gestes exprimait le mécontentement et l’impatience, et les réponses qu’elle fai-