prendre le cheval de selle, aller à Strasbourg, et revenir avec les ouvriers qu’il faudra pour réparer la voiture au point du jour. »
« Et, au nom du ciel, » dis-je, « comment avez-vous pu nous laisser si longtemps en suspens ! pourquoi n’avoir pas parlé plus tôt de cette cabane ? Quelle incroyable stupidité ! »
« Je pensais que monsieur ne daignerait peut-être pas accepter — »
« Cela n’a pas de sens ! Allons, allons, en voilà assez, conduisez-nous sans délai à la cabane du bûcheron. »
« Il obéit, et nous nous mîmes en marche : les chevaux réussirent, non sans peine, à traîner derrière nous la voiture brisée ; mon domestique avait presque perdu la parole, et je commençais moi-même à sentir les effets du froid, lorsque nous atteignîmes le but tant désiré. C’était une maison petite, mais propre. En m’approchant, je me réjouis d’apercevoir à travers la fenêtre la clarté d’un bon feu. Notre conducteur frappa à la porte ; il se passa quelque temps avant qu’on répondît ; les gens de l’intérieur semblaient incertains s’ils devaient nous recevoir.
« Allons, allons, ami Baptiste, » cria le postillon impatienté ; « que faites-vous ? dormez-vous ? ou refuserez-vous de loger cette nuit un gentilhomme dont la chaise vient de se briser dans la forêt ? »
« Ah ! est-ce vous, brave Claude ? » répliqua une voix d’homme. « Attendez un instant, on va vous ouvrir. »
« Bientôt les verrous se tirèrent, la porte s’ouvrit, et un homme se présenta, une lampe à la main ; il fit au guide une réception cordiale, et, s’adressant à moi :
« Entrez, monsieur, entrez, et soyez bien venu. Excusez-moi de ne pas vous avoir reçu d’abord ; mais il y a tant de vauriens par ici, que, sauf votre respect, je vous ai pris pour un d’eux. »