Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/121

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nouvelle ; mais comme il n’y avait pas de remède, un des domestiques s’enquit du bûcheron s’il pouvait les loger cette nuit.

« Il parut fort embarrassé, et répondit que non, ajoutant qu’un gentilhomme espagnol et son valet étaient déjà en possession des seules pièces disponibles de la maison. À ces mots, la galanterie de ma nation ne me permit pas de garder un logement dont une femme avait besoin. Je signifiai sur-le-champ au bûcheron que je transférais mon droit à cette dame. Il fit quelques objections, mais j’en triomphai ; et courant à la voiture, j’en ouvris la portière, et j’aidai la dame à descendre. Je la reconnus immédiatement pour la même personne que j’avais vue à l’auberge de Lunéville. Je saisis une occasion de demander à un de ses domestiques quel était son nom.

« La baronne Lindenberg » fut la réponse.

« Il était impossible de ne pas remarquer combien l’accueil fait par l’hôte à ces nouveaux venus était différent de celui qu’il m’avait fait à moi-même. Sa répugnance à les recevoir se lisait visiblement sur sa physionomie, et il eut de la peine à prendre sur lui de dire à la dame qu’elle était bien venue. Je l’introduisis dans la maison et la fis asseoir dans le fauteuil que je venais de quitter. Elle me remercia fort gracieusement, et me fit mille excuses de l’incommodité qu’elle me causait. Tout à coup la mine du bûcheron s’éclaircit.

« Enfin j’ai tout arrangé ! » dit-il, en l’interrompant.

« Je puis, madame, vous loger, vous et votre suite, sans que vous soyez dans la nécessité de rendre monsieur victime de sa politesse. Nous avons deux pièces disponibles, une pour madame, l’autre pour vous, monsieur ; ma femme cédera la sienne aux deux femmes de chambre :