Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/122

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quant aux domestiques, il faudra qu’ils se contentent de passer la nuit dans une grange, qui est à quelques pas de la maison ; ils y auront un grand feu, et un aussi bon souper que nous trouverons moyen de le leur donner. »

« Après quelques mots de reconnaissance de la dame, et quelques difficultés que je fis de priver Marguerite de son lit, l’arrangement fut accepté. Comme la chambre était petite, la baronne renvoya immédiatement ses domestiques mâles. Baptiste était sur le point de les conduire à la grange dont il avait parlé, lorsque deux jeunes gens parurent à la porte de la cabane.

« Enfer et furies ! » s’écria le premier, en reculant ; « Robert, la maison est pleine d’étrangers ! »

« Ah ! voici mes fils ! » cria notre hôte. « Eh bien ! Jacques ! Robert ! où courez-vous ? garçons, il y a encore assez de place pour vous.

« Sur cette assurance, les jeunes gens revinrent. Le père les présenta à la baronne et à moi. Après quoi, il se retira avec nos domestiques, tandis que, à leur requête, Marguerite menait les deux femmes de chambre à la pièce destinée à leur maîtresse.

« Les deux nouveaux venus étaient grands, forts, bien faits ; ils avaient les traits durs et le teint tout halé. Ils nous firent leurs compliments en peu de mots, et traitèrent Claude, qui venait d’entrer, on ancienne connaissance. Puis ils se débarrassèrent de leurs manteaux, ôtèrent un ceinturon de cuir, où pondait un long coutelas, et chacun d’eux tira de sa ceinture une paire de pistolets qu’il posa sur une tablette.

« Vous marchez bien armés, » dis-je.

« Il est vrai, monsieur, » répliqua Robert. « Nous avons quitté Strasbourg tard ce soir, et il est nécessaire de prendre des précautions quand on passe de nuit cette