Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/199

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dreux ; elle rentrait au château dès que l’horloge sonnait deux heures, et on ne la voyait plus avant l’expiration des cinq années suivantes.

« Elle était condamnée à souffrir pendant un siècle. Cette période est révolue ; il ne reste plus qu’à déposer au tombeau les cendres de Béatrix. J’ai servi à vous délivrer du spectre qui vous torturait ; et au milieu de toutes les douleurs qui m’accablent, l’idée que je vous ai été de quelque utilité est une consolation. Jeune homme, adieu ! puisse l’ombre de votre parente jouir dans la tombe de ce repos que la vengeance du Tout-Puissant m’a interdit pour toujours ! »

« Ici l’étranger s’apprêtait à quitter l’appartement.

« Arrêtez un seul moment encore ! » dis-je. « Vous avez satisfait ma curiosité par rapport au spectre, mais vous m’en laissez dévoré d’une bien plus grande par rapport à vous. Daignez m’apprendre à qui je suis redevable de si réelles obligations. Vous parlez d’événements depuis longtemps passés et de gens morts depuis longtemps ; vous avez connu personnellement l’exorciseur, qui, d’après votre propre calcul, est décédé depuis près d’un siècle ; comment m’expliquer ceci ? que veut dire cette croix de feu sur votre front, et pourquoi sa vue m’a-t-elle frappé l’âme d’une telle horreur ? »

« Il refusa quelque temps de me satisfaire à ce sujet ; enfin, vaincu par mes prières, il consentit à me tout éclaircir, à condition que je remettrais cette explication au jour suivant ; je fus obligé d’accéder à sa demande, et il me quitta. Le lendemain matin, mon premier soin fut de m’enquérir du mystérieux étranger : figurez-vous mon désappointement quand j’appris qu’il était déjà parti de Ratisbonne ! Je dépêchai des messagers à sa poursuite, mais en vain ; on ne découvrit aucune trace du fu-