Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/30

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de l’âme. Quoique aucun autre des assistants n’éprouvât d’aussi violentes sensations que la jeune Antonia, ils écoutaient tous avec intérêt et émotion. Ceux qui étaient insensibles à la morale du prêtre, étaient enchantés du talent de l’orateur ; tous sentaient leur attention irrésistiblement dominée, et le plus profond silence régnait dans la foule. Lorenzo lui-même ne put résister au charme ; il oublia qu’Antonia était assise près de lui, et n’eut plus d’oreilles que pour le prédicateur.

Dans un langage nerveux, clair et simple, le moine développa les beautés de la religion. Il donna de certains passages des saintes écritures une explication qui entraîna la conviction générale. Sa voix, distincte à la fois et grave, sembla chargée de toutes les menaces de la tempête, lorsqu’il déclama contre les vices de l’humanité et décrivit les châtiments qui les attendaient dans la vie future. Chaque auditeur fit un retour sur ses offenses passées, et trembla : chacun entendait rouler sur sa tête le tonnerre dont l’éclat devait l’écraser ; chacun voyait s’ouvrir sous ses pieds l’abîme de la destruction éternelle. Mais lorsque Ambrosio, changeant de thème, célébra les mérites d’une conscience sans tache, le glorieux avenir promis aux âmes exemples de reproches, et la récompense qui leur était réservée dans les régions de la gloire infinie, les assistants sentirent peu à peu se relever leurs esprits abattus, ils se jetèrent avec confiance aux pieds miséricordieux de leur juge, ils s’attachèrent avec joie aux paroles consolantes du prédicateur ; et cette voix sonore, répandant sur eux sa mélodie, les transporta dans ces contrées heureuses qu’il peignait à leur imagination sous des couleurs si vives et si brillantes.

Le sermon était fort étendu ; cependant, lorsqu’il fut terminé, les auditeurs regrettèrent qu’il n’eût pas duré