Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lampes avaient été allumées pendant son sommeil, et la musique qu’il avait entendue était celle des moines, qui célébraient les vêpres dans la chapelle de l’abbaye.

Lorenzo se leva, et se prépara à tourner ses pas vers le couvent de sa sœur, la tête encore tout occupée de la singularité de son rêve. Il approchait du portail, lorsque son attention fut attirée par une ombre qu’il vit se mouvoir sur la muraille opposée. Il se hâta de regarder alentour, et bientôt il découvrit un homme enveloppé dans un manteau, et qui semblait examiner soigneusement si ses actions étaient observées. Il est peu de personnes qui sachent résister aux tentations de la curiosité ; l’inconnu semblait fort désireux de cacher ce qu’il venait faire dans la cathédrale, et ce fut précisément ce qui donna à Lorenzo l’envie de savoir ce que ce pouvait être.

Notre héros sentait bien qu’il n’avait aucun droit d’épier les secrets de cet inconnu.

« Je vais m’en aller, » dit Lorenzo ; et Lorenzo ne bougea pas de place.

L’ombre projetée par la colonne dérobait sa présence à l’étranger, qui continua de s’avancer avec précaution. À la fin, il tira une lettre de son manteau, et la plaça vite au-dessous d’une statue colossale de saint François ; puis, se retirant précipitamment, il s’enfonça dans une partie de l’église très éloignée de celle où était l’image du saint.

« C’est cela ! » se dit Lorcnzo ; « quelque folle affaire d’amour. Je crois que je ferai aussi bien de partir, car je n’y peux rien. »

La vérité est que jusqu’alors il ne lui était pas venu en tête qu’il y pût rien faire ; mais c’était une petite excuse qu’il croyait devoir se présenter à lui-même pour se justifier d’avoir cédé à sa curiosité. Il fit une seconde tenta-