Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/42

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tive pour sortir de l’église, et cette fois il en gagna le portail sans rencontrer aucun empêchement ; mais il était écrit qu’il lui rendrait encore une visite ce soir-là. Comme il descendait les marches qui conduisent à la rue, un cavalier le heurta avec une violence telle, qu’ils faillirent l’un et l’autre être renversés du coup. Lorenzo mit la main à son épée.

« Ah ça ! » dit-il, « que signifie cette brutalité ? »

« Ah ! est-ce vous, Médina ? » reprit le nouveau venu, que Lorenzo à sa voix reconnut pour don Christoval. « Vous êtes le plus heureux des mortels de n’avoir pas quitte l’église avant mon retour. Dedans, dedans ! mon cher garçon ! elles seront ici dans une minute ! »

« Qui est-ce qui sera ici ? »

« La vieille poule avec tous ses jolis petits poussins ; entrons, vous dis-je ; et puis vous saurez toute l’histoire. »

Lorenzo le suivit dans la cathédrale, et ils se cachèrent derrière la statue de saint François.

« Eh bien ! » dit notre héros, « puis-je prendre la liberté de demander ce que veulent dire cet empressement et ces transports ? »

« Oh ! Lorenzo, nous allons avoir un si merveilleux coup d’œil ! L’abbesse de Sainte-Claire et toute sa suite de nonnes arrivent ici. Il faut que vous sachiez que le pieux père Ambrosio (le seigneur l’en récompense !) ne consent sous aucun prétexte à dépasser l’enceinte de son abbaye. Comme il est absolument nécessaire que tout couvent à la mode l’ait pour confesseur, les nonnes, en conséquence, sont obligées de lui rendre visite à son monastère : puisque la montagne ne veut point aller à Mahomet, il faut bien que Mahomet aille à la montagne. Or, l’abbesse de Sainte-Claire, pour échapper à tous les regards impurs, tels que les vôtres et ceux de votre humble