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« Ah ! » dit don Christoval à voix basse, « nous tenons là une petite intrigue, à coup sûr. »

« Agnès ! par le ciel ! » s’écria Lorenzo.

« Quoi ! votre sœur ? Diavolo ! je prévois que notre curiosité coûtera cher à quelqu’un. »

« Oui, il me le paiera cher, et sans délai, » repartit le frère courroucé.

La pieuse procession était entrée dans le monastère, et la porte s’était refermée sur elle. L’inconnu quitta aussitôt sa cachette, et se hâta de sortir de l’église ; mais avant d’effectuer son projet, il aperçut Médina qui était placé sur son passage. L’étranger recula promptement, et abaissa son chapeau sur ses yeux.

« N’essayez pas de m’échapper ! » s’écria Lorenzo ; « je saurai qui vous êtes, et ce que contient cette lettre. »

« Cette lettre ? » répéta l’inconnu. « Et quel droit avez-vous de me faire cette question ? »

« Un droit dont je rougis maintenant ; mais vous n’en avez aucun de m’interroger. Ou répondez en détail à mes demandes, ou que votre épée réponde pour vous. »

« Ce dernier mode sera le plus court, » répliqua l’autre, tirant sa rapière. « Allons, seigneur bravo ! je suis prêt.

Brûlant de rage, Lorenzo fondit sur lui, et déjà les antagonistes avaient échangé plusieurs passes avant que Christoval, qui en ce moment avait plus de raison qu’aucun d’eux, eût pu se jeter entre leurs armes.

« Arrêtez ! arrêtez ! Médina ! » s’écria-t-il ; « songez aux conséquences de verser du sang dans un lieu consacré. »

L’étranger aussitôt abaissa son épée.

« Médina ! » s’écria-t-il. « Grand Dieu ! est-il possible ! Lorenzo, avez-vous tout à fait oublié Raymond de Las Cisternas ? »