serviteur, juge à propos d’attendre la brune pour mener à la confession son troupeau béni : elle va être introduite dans la chapelle de l’abbaye par cette porte particulière. La portière de Sainte-Claire, qui est une digne vieille âme, et une amie intime à moi, vient de m’assurer qu’elles seraient ici dans un instant. Voilà dos nouvelles pour vous, mauvais sujet ! nous allons voir quelques uns des plus jolis minois de Madrid ! »
« La vérité est, Christoval, que nous ne verrons rien ; les nonnes sont toujours voilées. »
« Non ! non ! je suis mieux au fait. Quand elles entrent dans un lieu consacré, elles ôtent toujours leur voile, par respect pour le saint auquel il est dédié. Mais écoutez, elles viennent ! Silence ! observez, et soyez convaincu. »
« C’est bon ! » se dit Lorenzo ; « peut-être vais-je découvrir à qui s’adressent les vœux du mystérieux étranger. »
À peine don Christoval avait cessé de parler, que l’abbesse de Sainte-Claire parut, suivie d’une longue file de nonnes. Chacune, en entrant dans l’église, retira son voile ; la supérieure croisa ses mains sur sa poitrine, et fit une profonde révérence lorsqu’elle passa devant la statue de saint François, patron de cette cathédrale. Les nonnes imitèrent son exemple, et se remirent en marche sans avoir satisfait la curiosité de Lorenzo. Il commençait presque à désespérer d’éclaircir ce mystère, lorsque, en saluant saint François, une d’elles laissa tomber son rosaire. Au moment où elle se baissa pour le ramasser, la lumière frappait en plein sur son visage ; elle retira adroitement la lettre qui était au-dessous de la statue, elle la mit dans son sein, et s’empressa de reprendre son rang dans la file.