Page:Lewis - Le Moine, Tome 1, trad Wailly, 1840.djvu/58

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dois pas vous les faire connaître. Vous me haïriez pour mon aveu ! vous me chasseriez de votre présence avec mépris. »

« Mon fils, je vous demande instamment, je vous conjure — »

« Par pitié, ne me faites plus de question ! je ne le dois pas, je ne l’ose pas. Écoutez ! la cloche sonne vêpres ! Mon père, votre bénédiction, et je vous quitte. »

À ces mots, il se jeta à genoux et reçut la bénédiction qu’il avait demandée. Puis, pressant la main du prieur sur ses lèvres, il se leva de terre, et sortit précipitamment. Bientôt après, Ambrosio, plein d’étonnement de la conduite singulière de ce jeune homme, descendit pour assister aux vêpres, qui se célébraient dans une petite chapelle dépendante du monastère.

Les vêpres dites, les moines se retirèrent dans leurs cellules respectives. Le prieur seul resta dans la chapelle pour recevoir les nonnes de Sainte-Claire. Il n’y avait pas longtemps qu’il était dans le confessionnal, lorsque l’abbesse parut ; chacune des nonnes fut entendue à son tour, tandis que les autres attendaient avec l’abbesse dans la sacristie. Ambrosio écouta attentivement les confessions, fit mainte exhortation, enjoignit des pénitences proportionnées aux péchés ; et pendant quelque temps tout se passa comme d’ordinaire, jusqu’à ce qu’enfin une des nonnes, remarquable par la noblesse de son air et par l’élégance de sa démarche, laissât par mégarde tomber une lettre de son sein. Elle se retirait, sans s’apercevoir de sa perte, Ambrosio supposa que cette lettre était celle d’un de ses parents, et la ramassa, dans l’intention de la lui rendre.

« Attendez, ma fille, » dit-il, « vous avez laissé tomber — »

En ce moment, le papier étant déjà ouvert, son œil