à cette heure triste et silencieuse ! si elle brisait les liens de la tombe, et se dressait courroucée à mes regards épouvantés ! oh ! je ne pourrais pas supporter sa vue ! Revoir son corps tordu dans l’agonie, ses veines gonflées de sang, sa figure livide, ses yeux chassés douloureusement de leur orbite ! — l’entendre parler de châtiment futur, me menacer de la vengeance du ciel, me reprocher les crimes que j’ai commis et ceux que je suis près de commettre ! — Grand Dieu ! qu’est-ce cela ? »
Comme il parlait, ses yeux, fixés sur le lit, virent le rideau aller et venir, agité doucement. L’apparition lui revint à la pensée, et il crut presque apercevoir le fantôme d’Elvire couché sur le lit ; un moment de réflexion suffit pour le rassurer.
« Ce n’est que le vent, » dit-il en reprenant courage.
Il se promena de nouveau dans la chambre ; mais un mouvement involontaire de crainte et d’inquiétude portait constamment ses yeux vers l’alcôve ; il s’en approcha d’un pas irrésolu ; il s’arrêta avant de monter le peu de marches qui y conduisaient ; il avança la main trois fois pour écarter le rideau, et trois fois il la retira.
« Terreurs absurdes ! » cria-t-il enfin, honteux de sa faiblesse.
Il montait vivement les degrés, lorsqu’une figure vêtue de blanc sortit de l’alcôve, et, se glissant à côté de lui, s’élança vers le cabinet. La démence et le désespoir donnèrent au moine le courage qui lui manquait : il sauta les marches, poursuivit l’apparition, et essaya de s’en emparer.
« Ombre ou démon, je te tiens ! » s’écria-t-il en saisissant le spectre par le bras.
« Oh ! Jésus-Christ ! » cria une voix perçante : » saint