Page:Lewis Caroll - Alice au pays des merveilles, traduction Henri Bué.djvu/181

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Alice n’osa pas désobéir, bien qu’elle fût sûre que les mots allaient lui venir tout de travers. Elle continua donc d’une voix tremblante :

« Passant près de chez lui, j’ai vu, ne vous déplaise,
Une huître et un hibou qui dînaient fort à l’aise. »

« À quoi bon répéter tout ce galimatias, » interrompit la Fausse-Tortue, « si vous ne l’expliquez pas à mesure que vous le dites ? C’est, de beaucoup, ce que j’ai entendu de plus embrouillant. »

« Oui, je crois que vous feriez bien d’en rester là, » dit le Griffon ; et Alice ne demanda pas mieux.

« Essaierons-nous une autre figure du Quadrille de Homards ? » continua le Griffon. « Ou bien, préférez-vous que la Fausse-Tortue vous chante quelque chose ? »

« Oh ! une chanson, je vous prie ; si la Fausse-Tortue veut bien avoir cette obligeance, » répondit Alice, avec tant d’empressement que le Griffon dit d’un air un peu offensé : « Hum ! Chacun son goût. Chantez-lui « La Soupe à la Tortue, » hé ! camarade ! »