Page:Lichtenberger - La Philosophie de Nietzsche.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

polémique de presse[1], traitait surtout du problème de l’hellénisme et esquissait une sorte de philosophie générale de la culture grecque. Ses œuvres suivantes, les Considérations inactuelles, sont consacrées à l’étude de questions contemporaines. Les deux premières, David Strauss (1873) et Utilité et dangers de l’histoire pour la vie (1874), sont des attaques hardies dirigées contre la civilisation allemande contemporaine et contre l’exagération de la culture historique. Dans les deux dernières, Schopenhauer éducateur (1874) et Richard Wagner à Bayreuth (1876) Nietzsche trace le portrait des deux génies qui lui paraissent dignes d’être les maîtres de la jeune génération et capables de la guider vers un idéal supérieur à celui dans lequel se complaît le « philistin » moderne.

L’année 1876, cependant, apporte dans la vie extérieure de Nietzsche comme dans sa vie intérieure de graves changements. Le grand événement de sa vie intérieure est, a cette époque, la rupture de son intimité avec Wagner, à laquelle les fêtes de Bayreuth (août 1876) portèrent un coup mortel ; — nous étudierons plus loin en détail les causes de cette brouille qui fut un des plus profonds chagrins de la vie de Nietzsche. — Vers la même époque, l’état de sa santé, déjà gravement compromise par des crises violentes qui s’étaient déclarées au début de 1875 et de 1876, l’oblige à prendre un congé d’une année qu’il passe soit en Italie, soit à Sorrente (jusqu’en mai 1877), soit

  1. La Naissance de la tragédie fut très violemment attaquée par M. de Wilamowitz-Möllendorf (Zukunftsphilologie ! eine Erwidrung auf F. Nietzsche’s Geburt der Tragödie » Berlin 1872) ; elle fut défendue par R. Wagner dans une lettre ouverte à Nietzsche qui parut le 23 juin 1872 dans la Norddeutsche allgem. Zeitung (reproduite dans Ges. Schriften de Wagner, t. IX, 350), et par un des intimes de Nietzsche, Erwin Rohde (Afterphilologie. Sendschreiben eines Philologen an R. Wagner, 1872). M. de Wilamowitz répliqua enfin à ses adversaires (Zukunfts-Philologie ! 2tes Stück. Eine Erwidrung auf die Rettungsversuche für F. Nietzsche’s « Geburt der Tragödie ». Berlin, 1873).