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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

compare à un printemps avec ses énergies fécondes et plastiques, à « un chaos plein d’obscurs désirs et de vie merveilleuse », à « un microcosme qui s’épanouit ». — Bref, Novalis se rattache consciemment à la tradition mystique. Et il a l’intime conviction que cette tradition exerce son action sur le temps présent comme elle l’a exercée dans le passé. En quoi il ne se trompait pas. Nul doute, en effet, que la disposition mystique ne soit un trait psychique hautement caractéristique de la race allemande. Le « cas » de Novalis n’est pas du tout un phénomène anormal et isolé : c’est une manifestation typique d’une énergie spirituelle vivante aujourd’hui comme jadis dans l’âme germanique et à qui l’Allemagne doit quelques-uns de ses chefs-d’œuvres les plus illustres.

II

Novalis nous apparaît ainsi, d’abord, comme un chrétien d’une piété toute sincère et spontanée.

On peut bien, lorsque l’on étudie l’évolution de sa pensée, noter les phases successives par lesquelles elle passe. On pourra dire, comme nous l’avons fait plus haut, que Novalis commence, vers 1795, par être surtout philosophe ; qu’ensuite, à partir de la fin de 1797, il est principalement naturaliste et physicien ; qu’enfin à partir de la fin de 1798 on observe chez