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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

lui un intérêt plus spécial pour le christianisme et pour le problème religieux. Mais il ne faut pas perdre de vue, lorsque l’on établit ces divisions, qu’elles ont une valeur toute relative, et que, en réalité, Novalis a toujours été une nature profondément religieuse. Ce n’est pas un chrétien qui cherche à se confirmer dans sa foi en montrant l’accord de la raison et des croyances religieuses. C’est encore beaucoup moins un philosophe qui serait préoccupé de démontrer que sa conception du monde est en harmonie avec le christianisme traditionnel. Chez lui le dualisme de la raison et de la foi semble ne pas exister. L’instinct religieux et l’instinct spéculatif s’accordent sans difficulté aucune. Comme les mystiques anciens, il aspire d’un même élan à la vérité philosophique, scientifique et religieuse.

Et c’est pourquoi aussi je crois que le sentiment chrétien est demeuré à peu près constant chez Novalis. Nous avons noté, en étudiant sa biographie, comment l’hérédité et l’éducation reçue soit à la maison paternelle, soit chez les frères Moraves, déposent dans son âme le germe d’une piété vivante et imprégnée déjà de mysticisme. Cette piété ne paraît guère avoir subi de fluctuations. Non pas que Novalis ait été un ascète, ni un saint. Nous avons vu au contraire avec quelle ardeur il s’abandonne à la joie de vivre, aux impulsions de son tempérament sensuel. Pendant ses années d’uni-