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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

plus souples et plus aiguisés, d’un organe moral, surtout, plus vigoureux et plus fin que le civilisé. Il admettait que l’évolution normale avait été, dans la suite, troublée par un cataclysme cosmique, par un choc de la lune et de la terre, qui avait bouleversé tout notre univers, détruit l’harmonie et l’équilibre dans la nature extérieure, comme dans la nature humaine, relâché les liens de sympathie qui enchaînent les hommes les uns aux autres. Mais il était convaincu que cet état de désharmonie n’était pas définitif. Et il se plaisait à faire, dans son Aristée, une brillante description du retour de l’âme humaine vers Dieu. Il montrait comment, se dégageant peu à peu de la matière, elle remonte jusqu’au principe divin dont elle est issue, comment elle aspire à la vérité et la sainteté, comment ses facultés fécondées par les rayons divins se subliment graduellement, comment le péché et le mal disparaissent, comment l’âme acquiert peu à peu des organes nouveaux et devient toujours plus semblable à Dieu, comment la mort même accélère cette évolution vers la perfection. Nous retrouverons la plupart de ces idées chez Novalis. Elles expliquent qu’il se soit senti attiré de bonne heure par un penseur qui, comme Platon et les mystiques, enseignait le retour de l’âme vers la pureté et la sainteté de la vie divine.

Mais ce n’est pas seulement par la spéculation mé-