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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

sous forme de dialogues platoniciens, c’était un idéalisme moral et mystique opposé soit au matérialisme des Encyclopédistes soit à l’intellectualisme des rationalistes.

Il lui savait gré de professer que l’organe supérieur de l’homme n’est pas l’intelligence, mais une faculté d’une nature plus haute, l’organe moral, par qui Dieu, l’âme, le bien, la vérité nous sont révélés. Cet organe moral n’est pas seulement, pour Hemsterhuys, un témoin passif de notre vie intérieure, qui nous révèle l’existence d’âmes semblables à la nôtre, de l’être parfait ou Dieu, et nous fait acquérir par contre-coup la connaissance de notre propre âme et des émotions dont elle est susceptible. Il est en même temps conscience morale, il est la révélation de notre nature divine attirée par une sympathie irrésistible vers le bien, la justice, Dieu et s’irritant contre tout obstacle qui l’arrête. Il est « le germe de la perfectibilité infinie, le germe aussi de l’homogénéité qui existe entre l’âme et la divinité ».

Et Novalis sympathisait aussi avec sa conception optimiste et mystique de l’évolution universelle. Hemsterhuys voyait en effet l’âge d’or à l’origine comme au terme du développement de l’humanité. Il croyait comme Rousseau que l’homme primitif était naturellement bon, doué de facultés plus puissantes, d’une intelligence plus déliée, d’organes