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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

romantique prenait à la révolution scientifique qui était en train de développer ses conséquences.

Le progrès s’accomplit, semble-t-il, simultanément dans deux directions : dans le sens de l’expérimentation, d’une part, dans le sens de la construction théorique de l’autre.

Il est clair, d’abord, que l’étude directe des faits et de la réalité concrète tend, vers ce moment, à se substituer aux spéculations rationnelles et abstraites en honneur à l’époque précédente. On sait que l’un des mérites essentiels de Lavoisier a été d’introduire dans les recherches chimiques une méthode expérimentale absolument rigoureuse, d’exiger toujours la détermination précise du poids des substances sur lesquelles portent les expériences, de montrer dans la balance l’auxiliaire indispensable et constant du chimiste. Or ces mêmes tendances se retrouvent chez les savants allemands. Le principal titre de gloire du géologue Werner, c’est d’avoir réagi contre les tendances spéculatives qui régnaient jusqu’alors en histoire naturelle et dont Buffon apparaît comme le représentant typique, d’avoir donné à cette science une base strictement expérimentale, d’avoir exactement délimité son objet. Collectionneur passionné, il possédait la perception subtile des formes, des nuances, des analogies ; et dans les collections merveilleuses qu’il avait réunies à Freiberg, il s’était attaché à grouper méthodiquement des séries de spéci-