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LES SOURCES DE LA PENSÉE DE NOVALIS

gage », et la structure de la Nature. — De même Ritter, l’infatigable expérimentateur, s’enthousiasme pour une conception unitaire de l’univers, rêve d’une âme du Monde dont il croit découvrir les manifestations dans les phénomènes du galvanisme, développe l’idée d’une biologie cosmique qui donnerait une interprétation « organique » du monde, évoque en termes lyriques l’image de l’Animal-Univers dont les corps célestes et les règnes de la nature constitueraient les organes, parle en un langage sibyllin d’une physique supérieure dont la révélation se fait non par la « tête », mais par le « cœur », et groupe autour de lui une petite secte théosophique où l’on expérimente le magnétisme animal, la télépathie, la communication de la pensée, etc. — On ne s’étonnera pas si, dans ces conditions, la spéculation tend peu à peu en Allemagne à prendre le pas sur l’empirisme. Chez un esprit sain et harmonieux comme celui de Gœthe, l’équilibre contre la spéculation et l’empirisme, entre l’expérimentation rigoureuse et l’intuition géniale, entre le sens de la réalité et le goût des vastes généralisations philosophiques est à peu près parfait. Il tend a se rompre chez les « philosophes de la nature » qui viennent après lui et chez qui les problèmes de pure spéculation, l’esprit de système ou la rêverie mystique l’emportent de plus en plus sur l’observation directe de la simple réalité et sur les expériences minutieuses du laboratoire.