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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

les transmuer en actions, nous mouvoir et nous arrêter à volonté, combiner ou isoler nos mouvements. De même par le phénomène de l’attention, par exemple, nous acquérons le pouvoir de faire varier arbitrairement notre excitabilité, de modifier selon notre convenance et dans de certaines limites l’impression faite par les choses sur notre organe intellectuel, de faire en sorte que tel ou tel objet agisse plus ou moins fortement ou plus ou moins longtemps sur tel ou tel de nos sens intérieurs.

Pour acquérir « l’art de devenir tout puissants, l’art de réaliser notre volonté dans son intégralité », il faut que nous apprenions à disposer de notre corps comme nous disposons déjà de notre âme. Le corps est en effet l’instrument par lequel nous modifions et perfectionnons le monde. Nous devons donc chercher à dominer notre corps, à perfectionner notre corps jusqu’à en faire un organe doué de toutes les aptitudes. Car modifier notre instrument, c’est modifier l’univers lui-même.

Or, Novalis est convaincu qu’à cet égard des progrès à peu près illimités sont possibles. Et d’abord : « notre corps tout entier, affirme-t-il, est apte à être dirigé par l’Esprit conformément à la volonté ». On a nombre d’exemples d’hommes qui ont pu arriver à la libre disposition des parties du corps soustraites d’ordinaire à l’action de la volonté. Rien ne nous empêche d’admettre que le jour où