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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

sciences particulières sauront s’unir en vue du but commun qui est le bien de l’humanité, sous la direction de la philosophie qui combinera et groupera leurs efforts, — et plus aussi l’humanité pourra respirer librement, plus elle s’affranchira des fatalités dont elle se croit et se sent aujourd’hui opprimée. Or, Novalis ne voit pas de limite au progrès possible des sciences. Les médecins d’aujourd’hui ne sont encore, dit-il, que des pauvres manœuvres. Ceux de l’avenir arriveront à des résultats bien autrement merveilleux. Novalis n’hésite pas à admettre que la médecine pourra reculer de plus en plus les limites de la vie humaine et devenir un jour « l’art de l’immortalité artificielle ».

Faisons maintenant un pas de plus. Pour que le monde devienne tel que je le veux, il faut d’abord que cette portion du monde sur laquelle s’exerce plus spécialement mon action, il faut, en d’autres termes, que ma personnalité humaine, le microcosme que je suis, obéisse à ma volonté. « L’homme, dit Novalis, doit devenir un instrument parfait et intégral dont le moi dispose à son gré ». Or cette domination de la volonté sur l’homme est déjà dans une large mesure réalisée. Nous avons déjà le pouvoir de disposer à notre gré de notre âme ; nous savons diriger comme nous l’entendons notre organe intellectuel, exprimer par la parole les mouvements de cet organe, les traduire en gestes,