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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

macrocosme et saura transmuer ainsi toute nécessité en liberté.

Pour rétablir l’harmonie entre le moi et le non-moi, nous pouvons nous efforcer d’agir sur le non-moi en « perfectionnant » l’organe par lequel nous communiquons avec le non-moi, c’est-à-dire le corps. Mais nous pouvons, nous devons en même temps régénérer le moi par l’intérieur en quelque sorte, et cela en développant en nous la foi et la volonté.

Le monde extérieur, la nature en tant que somme de tout ce qui peut faire impression sur nous, n’est, nous l’avons vu, qu’une fiction de l’imagination productrice. Entre la « réalité » et la « fiction » il n’y a donc pas de différence spécifique. Une réalité est une fiction à laquelle nous croyons. La « vérité », le « savoir » proviennent de l’  « illusion », de l’  « erreur ». La croyance, la foi, est l’opération par laquelle nous nous créons à nous-mêmes des mirages qui deviennent des réalités, par laquelle nous transmuons l’erreur en vérité. Toute réalité a donc son origine dans un acte de foi ; tout savoir est anticipé par la foi. La spiritualisation de l’univers, la réduction à l’unité du moi et du non-moi est donc essentiellement, pour Novalis, un acte de foi. Nul n’a cru plus que lui à la vérité littérale et absolue du vieil adage que la foi transporte les montagnes. La foi est pour lui un pouvoir miraculeux :