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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

elle est un miracle et crée des miracles. De même que Novalis était fermement convaincu qu’en croyant à la présence auprès de lui de sa fiancée morte il obtiendrait réellement qu’elle fût près de lui et qu’elle lui apparût un jour dans l’extase, il affirmait aussi que « si un homme croyait tout à coup réellement être moral, il le serait », ou encore que « Dieu est dans l’instant où je le crois ». La foi est donc la source profonde d’où découle le monde extérieur des choses et le monde intérieur des idées, et la moralité et la religion. À mesure que nous progresserons dans la foi, nous verrons s’évanouir l’erreur dualiste d’une nature indépendante de l’Esprit et qui s’impose à celui-ci comme une nécessité.

Et fortifier sa foi c’est aussi fortifier sa volonté. Novalis paraît définir tantôt la foi par la volonté, tantôt la volonté par la foi. Il dira, par exemple, que la volonté est l’origine de la création entière et que la foi est l’effet de la volonté sur l’intelligence. Ailleurs il énoncera, inversement, que la vraie foi n’a trait qu’au monde de l’au-delà, qu’elle est l’intuition d’un acte transmondial, le pressentiment de notre réveil, de notre activité, de notre pensée dans l’autre monde, et que la volonté est une foi appliquée aux choses de la terre. Mais dans un cas comme dans l’autre, il statue entre la foi et la volonté le lien le plus étroit. Croire et vouloir et agir en con-