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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

séquence, ce sont pour Novalis les démarches primordiales et essentielles du moi. Comme il croyait à la toute puissance de la foi, il croyait à la toute puissance de la volonté. Il a cru que par le simple effort de sa volonté, il pourrait empêcher la mort de sa fiancée ou la suivre dans le tombeau. Pour progresser vers l’harmonie du moi et du non-moi, il n’est donc pas de moyen plus efficace que de « perfectionner » sa volonté. Si nous ne sommes pas tout-puissants, c’est par suite de l’infirmité de notre volonté qui ne sait pas encore vouloir avec assez de force. Le sentiment des fatalités qui pèsent sur nous a sa source uniquement dans cette infirmité. Il dépend de nous que le monde soit conforme à notre volonté. S’il ne l’est pas la faute en est à nous. « Le Destin qui nous opprime, prononce Novalis, c’est la paresse de notre esprit. En développant, en perfectionnant notre activité, nous ferons de nous même le Destin. Tout paraît nous déterminer parce que nous ne déterminons pas. Nous sommes négatifs parce que nous le voulons ; — plus nous deviendrons positifs et plus le monde autour de nous deviendra négatif ; — et cela jusqu’à ce qu’enfin toute négation disparaisse et que nous soyons Tout en Tout. Dieu veut des Dieux ».

Mais ce n’est pas seulement par le perfectionnement de la foi et de la volonté que nous arriverons à rétablir l’harmonie entre le moi et le non-moi,