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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

sous une forme phénoménale. Il doit être, comme l’homme, de nature spirituelle, car il le traite en créature spirituelle et provoque en lui une activité autonome supérieure. Ce moi idéal est à l’homme ce que l’homme est à la nature ou le sage à l’enfant : l’homme aspire à devenir pareil à lui tout comme il aspire à rendre le non-moi pareil au moi. — L’homme qui se dédouble ainsi, qui, par cette mystérieuse révélation interne entre en communion avec le monde supérieur, avec le monde des génies, des Esprits, devient par là une personnalité synthétique, à la fois une et multiple, une personne qui est simultanément en plusieurs personnes, une personne à la seconde puissance, un génie. — À mesure que l’homme apprend mieux à se connaître lui-même, il voit aussi plus clairement que son individualité particulière n’est qu’une petite portion de son vrai moi et que, en rentrant en lui-même, en explorant les profondeurs de son être le plus intime, il atteindra peu à peu, sous le petit moi éphémère et périssable, jusqu’au « grand moi qui est à la fois Un et Tout ».

L’homme est ainsi en communion par son corps avec toute la nature, par son âme avec le monde des Esprits. Et entre ces deux systèmes, entre le monde extérieur qui va du corps par l’univers à Dieu et le monde intérieur qui va de l’âme par le monde des Esprits à Dieu également, il y a un cons-