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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

étendus ; c’est d’abord son entourage immédiat, puis sa ville, sa province, son pays et ainsi de suite jusqu’au système solaire et à l’univers matériel tout entier. Entre ces zones il n’y a pas de barrières immuables, mais d’insensibles transitions : le monde est un tout organique lié dans toutes ses parties. Comme membre authentique de l’organisme universel, notre corps est fonction de l’univers, de même qu’inversement, l’univers est fonction de notre corps : nous sommes un « microcosme », un univers en réduction, comme inversement l’univers est un « macro-anthrope », un analogue de l’organisme humain.

De même que par son corps l’homme est en rapport direct avec la nature, il est par son âme en communion avec le monde des Esprits. Dans l’univers spirituel aussi, Novalis voit partout d’insensibles transitions. L’homme n’est pas confiné dans son individualité : il peut, par delà son moi empirique et borné, découvrir dans les profondeurs mystérieuses de son être, son moi transcendental, supra-sensible.

Qu’est-ce que ce moi idéal qui, dans certains moments solennels de notre vie vient en quelque sorte s’entretenir avec notre moi empirique ? C’est, répond Novalis, un être d’essence supérieure, car il entre en relation avec l’homme d’une manière autre que les créatures astreintes à se manifester