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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/162

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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

d’un bonheur d’autant plus grand que notre âme aura connu plus longtemps les souffrances de la privation ».

Ainsi : nous comprendrons le monde quand nous nous comprendrons nous-mêmes et cela parce que la Nature et l’Esprit sont deux moitiés qui s’intégrent parfaitement. Descendons au fond de notre moi et nous y trouverons l’univers ; le jour où nous nous serons trouvés nous-mêmes, le monde n’aura plus de mystère pour nous, nous serons partout chez nous. « La philosophie est au fond le mal du pays, le désir d’être partout à la maison ».

Il va sans dire que ce n’est pas la science de la nature telle qu’on la comprend d’ordinaire qui pourra, dans ces conditions, nous donner l’explication de l’univers à laquelle aspire notre instinct de connaissance. La « physique » vulgaire repose en effet essentiellement sur l’illusion dualiste. Elle a son point de départ dans l’hypothèse d’une nature purement matérielle, d’une nature morte où commandent des lois nécessaires et inflexibles. Elle va du simple au complexe ; elle explique l’esprit par la matière. Or tout cela, nous l’avons vu, n’est qu’illusion. La réalité dont il faut partir pour expliquer la genèse de l’univers ce n’est pas la Matière des physiciens, mais l’unité originelle de l’Esprit et du Corps, le « chaos » où règne la confusion primordiale, la solution trouble d’où par précipitation