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DOCTRINE PHILOSOPHIQUE DE NOVALIS

d’une part, par clarification de l’autre, naîtront la Nature et l’Esprit. À la physique inférieure et réaliste des spécialistes de la science, Novalis prétend substituer une « physique supérieure » essentiellement symbolique, dont Plotin est le grand prêtre et Gœthe le liturge, dont Hemsterhuys, Spinoza et Leibniz ont eu le pressentiment, dont Fichte et les philosophes de la nature ont entrevu les grandes lignes. Cette physique supérieure, qui tient la nature pour vivante dans toutes ses parties, qui nie la mort et l’inertie, s’applique à « interpréter tout processus extérieur comme symbole et résultat dernier d’un processus intérieur ». Elle ne s’occupe plus des corps réels, mais « porte ses entreprises audacieuses dans le chaos universel pour y établir un ordre nouveau ». Loin d’expliquer l’Esprit comme un produit de la matière, le physicien idéaliste regarde au contraire la nature comme le résultat d’une dégénérescence progressive : c’est le précipité qui se dégage de la solution trouble. Comme il sait que le point de départ de toute spéculation est l’unité originelle du Corps et de l’Esprit, il n’hésite pas à proclamer que « le monde des Esprits fait partie du premier chapitre de la physique ». Et de même que, pour l’homme, le non-moi est le produit de l’imagination productrice, ainsi, au sein de l’organisme universel aussi, le monde des corps, la nature objective est le produit de l’ima-