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DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

que cette unité, cette identité. Il est l’âme du monde. « Le monde est la sphère de l’union imparfaite de la Nature et de l’Esprit. Leur identification suprême et parfaite est l’être moral par excellence, Dieu ». — Mais l’homme n’est pas seulement pensée, il est aussi volonté morale. Et cette volonté le conduit de même vers Dieu. « La morale bien comprise est l’élément vital de l’homme. Elle est au fond identique à la crainte de Dieu. Notre volonté morale pure est la volonté de Dieu ». L’homme moral se conçoit lui-même comme le médiateur chargé de spiritualiser la nature, de la « moraliser », de la rendre « semblable à Dieu ». — L’homme, d’autre part, est un Cœur qui aime. Et l’objet de la « religion pure », du « sens religieux » proprement dit, c’est le Dieu d’amour. C’est l’amour qui est « le fondement de la possibilité de la magie », la base métaphysique du monde, « la fin suprême de l’univers ». L’amour de Novalis pour Sophie est donc « religion ». Et Dieu, pour lui, est amour.— Enfin l’homme doit devenir l’Artiste universel, le poète dont l’imagination créatrice enfante et réalise un monde de beauté et d’harmonie. Et ainsi il entre dans la religion aussi un élément de poésie. La religion, dira Novalis est « raison et imagination », elle est « un mélange de poésie et de vertu ». La nature n’atteindra sa destination, qui est d’être morale, que par l’effet associé et harmonieux de l’amour et de l’art.