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DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

Que entre ce mysticisme esthétique et le christianisme historique il y ait identité parfaite, Novalis n’en doute pas un seul moment. C’est là, pour lui, un fait si absolument évident, qu’il ne se préoccupe pas un instant de le démontrer. Le christianisme est, pour lui, la religion par excellence. « Il n’y a pas, déclare-t-il, de religion qui ne soit pas du christianisme ». Tout homme doué du sens religieux est par là-même chrétien, quel que soit, d’ailleurs, le contenu positif de sa foi. Mais la religion de Novalis est tout intérieure. Elle repose sur des expériences intimes et non pas du tout sur l’adhésion de l’intelligence à certaines vérités historiques ou dogmatiques.

Les éléments historiques du christianisme n’ont, à ses yeux, qu’une importance très secondaire. Nul n’a moins que lui la superstition de la Bible. Sans dédaigner les « restaurateurs » de la lettre, les « antiquaires philologiques » qui s’attachent à maintenir dans sa pureté la tradition historique, il reproche néanmoins au protestantisme d’avoir accordé trop d’influence à la « philologie » biblique au risque de dessécher le sens religieux. Il déclare hautement, pour sa part, que « le Saint-Esprit nous est plus que la Bible. C’est lui qui doit nous enseigner le christianisme, — et non la Lettre, morte, terrestre, ambigüe ». La Bible considérée comme la collection des Livres sacrés de l’huma-