Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
DOCTRINE RELIGIEUSE DE NOVALIS

doute, a besoin d’un médiateur entre lui et la Divinité ; il est « irréligieux » lorsqu’il prétend s’en passer, car il est incapable d’entrer directement en rapport avec Dieu. Mais dans le choix de ce médiateur, chacun doit être laissé entièrement libre. Jésus est un médiateur, il n’est pas le seul médiateur possible. Novalis regarde comme également légitime soit le « panthéisme » qui estime que tout dans l’univers peut, en vertu de notre libre choix, devenir organe de la Divinité, — soit l’  « enthéisme » qui proclame l’existence d’un seul médiateur par qui Dieu se révèle à l’Humanité. Lui-même incline vers une synthèse de ces deux conceptions. Il tient, nous l’avons vu, la Nature pour le symbole de Dieu ; et il résume d’autre part la Nature en un Messie qui en serait comme le point central et qui la relierait à Dieu. C’est ce Messie panthéistique de la Nature qu’il se proposait de faire apparaître, sous les traits d’un Enfant symbolique, à la fin du Disciple à Saïs. C’est ce Messie, étoile du monde, soleil de l’univers, source de la vie éternelle, dont le visage enfantin rayonne dans les plantes et dans les pierres, dans les mers et dans la lumière, qu’il célèbre dans ses Cantiques spirituels. C’est lui encore qu’il annonce aux hommes, dans Europa, comme le génie invisible qui se manifeste aux croyants en d’innombrables métamorphoses, dans le pain et le vin dont ils se nourrissent, dans