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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

dique. Il conçoit le prix de la maîtrise acquise, les joies saines et durables que procure le savoir-faire. Klingsohr-Gœthe ne saurait ouvrir à son disciple les sources supérieures de l’enthousiasme poétique. Mais il lui fait sentir que le génie artistique ne peut arriver à des résultats durables que s’il se complète par l’activité organisatrice et que le vrai poète n’est pas seulement un grand inspiré mais aussi un ouvrier industrieux et probe.

En même temps que Klingsohr initie Henri d’Ofterdingen aux beautés de la technique artistique, sa fille Mathilde ouvre au jeune poète l’accès de la vie supérieure en lui révélant l’amour. À peine l’a-t-il aperçue dans la salle de fêtes qu’elle lui apparaît comme l’incarnation de la grâce, de la pureté, de la délicatesse. Entre eux se forme aussitôt un lien de sympathie. Henri s’abandonne sans résistance au trouble délicieux qui l’envahit. Mathilde répond à sa tendresse. Et bientôt jaillit l’étincelle. Un rapide serrement de mains, un tendre regard, un furtif baiser suffisent pour décider de leur vie à tous deux. La flamme d’un amour éternel s’est allumée dans leurs âmes. Dès le lendemain les fiançailles se nouent. Si en Klingsohr Ofterdingen a trouvé le maître expert qui lui révèle les secrets de l’art, il trouve en Mathilde la muse qui verse à son génie l’ivresse sacrée de l’inspiration, l’initiatrice qui lui dévoile la grande loi d’amour qui régit l’univers et