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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

arrivent à Augsbourg, le vieux Schwaning donne précisément dans sa demeure une réception magnifique. Introduit dans la salle de fête brillamment illuminée où bruit la musique de danse, Henri y rencontre deux personnages qui vont lui procurer la double révélation de la Poésie et de l’Amour, Klingsohr le grand artiste et sa fille Mathilde.

Klingsohr en qui Novalis a manifestement voulu donner un portrait idéalisé de Goethe, frappe immédiatement le jeune homme par sa gravité sereine, ses grands yeux noirs pénétrants, la beauté pure de ses traits, la virile majesté de sa stature. Il le ravit ensuite par son chant, par sa conversation où il prodigue les trésors de sa haute sagesse et de sa vaste expérience. Par lui Ofterdingen apprend que la poésie n’est pas uniquement le fruit de l’inspiration momentanée mais qu’elle veut être cultivée comme un art sévère, comme un métier dont le débutant doit apprendre la technique avec une consciencieuse application. Le poète n’est pas un vagabond qui erre tout le long du jour en quête d’images ou de sensations inédites. Il doit exercer avec soin toutes ses facultés, s’efforcer d’acquérir chaque jour des connaissances nouvelles. À l’école de ce maître épris d’ordre et de mesure, Ofterdingen comprend que l’inspiration ne suffit pas pour faire le grand artiste qu’elle doit être complétée par l’intelligence pratique, disciplinée par l’effort métho-