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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

tablissement de l’Unité divine par le galvanisme ou magnétisme animal. Dans l’univers sorti du chaos primitif et de l’âge d’or, se manifeste aussitôt, l’opposition fondamentale de la Nature et de l’Esprit : partout règne la lutte, le combat, la discorde. Mais la Nature et l’Esprit sont un : la synthèse se fera nécessairement. Et comme perspective d’avenir Novalis entrevoit le rétablissement de l’unité absolue, l’avènement d’un magnétisme universel sans polarité, d’un règne de paix, d’éternité et d’amour. Nous avons vu précédemment comment il a, dans ses Fragments, exposé cette conviction sous une forme abstraite et philosophique. Dans le Conte de Klingsohr — qui au point de vue de la forme s’inspire visiblement du conte du Lys et du Serpent inséré par Goethe dans les Entretiens d’émigrés allemands — il tente de retracer cette évolution cosmique à l’aide d’une fiction mythologique.

Au début du Conte, le poète nous décrit le triomphe de la polarité, du dualisme, ou, pour nous servir de la phraséologie symbolique de Novalis, le règne du Soleil. L’univers, conformément aux données de la mythologie antique, nous apparaît divisé en trois mondes superposés : le monde supérieur ou empire d’Arcturus, royaume des astres, domaine de la liberté et du hasard, siège du magnétisme universel ; le monde moyen, c’est-à-dire la Terre, patrie de l’humanité ; le monde inférieur, royaume