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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

viduelle où il est engagé. Mais chez l’individualité supérieure qui, du plan terrestre et humain, s’est élevée à un plan de vie supérieur, l’Esprit peut acquérir l’intuition de ses incarnations passées ou bien encore reconnaître sous leurs avatars successifs d’autres Esprits qui se développent à ses côtés. Dans la première partie déjà, nous avions noté chez Henri d’Ofterdingen des réminiscences confuses d’existences antérieures. Dans la seconde partie ces réminiscences se confirment et se précisent. Des personnages se reconnaissent identiques soit à d’autres personnages du monde rél, soit à des figures du monde poétique. Des parentés, des affinités mystérieuses les unissent les uns aux autres.

À peine Ofterdingen a-t-il pénétré dans le monde nouveau où il va désormais s’enfoncer, qu’il rencontre, comme la lui a annoncé pendant son extase la voix de Mathilde, une enfant, Cyané, la fille du comte de Hohenzollern. Et dans un colloque étrange, Henri d’Ofterdingen apprend de la bouche de cette nouvelle compagne que lui envoie sa fiancée la loi mystérieuse de l’universelle palingénésie :

— « Qui t’a parlé de moi ? demande le pèlerin.

— Notre mère.

— Qui est ta mère ?

— La mère de Dieu.

— Depuis combien de temps es-tu ici ?

— Depuis que je suis sortie du tombeau.