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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

Fleur bleue vue en rêve par Henri, et qu’elle est une incarnation de la même essence qui s’est manifestée aussi dans l’Orientale, dans Cyané, dans Marie de Hohenzollern, dans la Vierge Marie, dans la Mère du conte de Klingsohr. La fille de Mathilde est le Monde primitif ou l’âge d’Or final. Henri d’Ofterdingen a déjà vécu dans le frère de l’Orientale, dans le Poète dont parle le livre du comte de Hohenzollern, dans le Poète dont les Marchands racontent les aventures. Son père est le Sens, c’est-à-dire le Père du Conte, sa mère l’imagination ou Ginnistan. Son grand-père Schwaning est le génie de la Lune. Le maître Mineur est identique au vieux Héros, le Fer du Conte. Klingsohr reparaît en roi d’Atlantide et Arcturus, qui s’incarne en l’empereur Frédéric II, est identique aussi à Saturne qui, dans la croyance des Grecs, devait ramener l’âge d’or. Sous la foule confuse des existences individuelles éphémères, nous entrevoyons ainsi le développement grandiose d’Essences immortelles et sublimes qui, d’avatar en avatar, de progrès en progrès, évoluent vers l’universelle Unité.

C’est l’ascension de Henri d’Ofterdingen vers la pleine réalisation de son essence, à travers une série d’avatars successifs que nous aurait décrite la seconde partie du roman, si Novalis avait pu l’écrire. La mort l’ayant interrompu au moment où il venait à peine de se mettre au travail, tout ce que nous