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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

pouvons faire aujourd’hui, c’est, en nous aidant des brouillons et esquisses qu’il a laissés et du récit quelque peu suspect donné par Tieck comme complément à son édition du roman, d’indiquer brièvement les étapes principales de cette ascension.

Pour que l’univers puisse devenir poésie comme le veut la doctrine de l’idéalisme magique ou, ce qui revient au même, pour que le Poète parvienne au suprême épanouissement de son être, il est nécessaire qu’il récapitule en quelque sorte toute l’expérience humaine, qu’il revive l’histoire, la mythologie, la nature. Il faut qu’il s’initie à toutes les civilisations d’Orient et d’Occident, qu’il se promène à travers toutes les mythologies, grecque ou orientale, biblique ou chrétienne, qu’il plonge dans le gouffre obscur de la préhistoire de l’humanité et refasse la longue route qui va de la pierre à la plante et de la plante à l’homme.

Ofterdingen devait en conséquence apprendre à connaître la vie guerrière en Suisse et en Italie, visiter la Grèce et Rome, se rendre à la cour de l’empereur Frédéric II où se serait manifesté à lui sous sa forme le plus accomplie le génie allemand, peut-être enfin participer au légendaire tournoi des Chanteurs à la Wartbourg.

Il s’initiait d’autre part aux mythologies. En Grèce il pénétrait dans le Jardin des Hespérides ; nouvel Orphée, il était mis en pièces par les bac-