Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

diverses incarnations (Edda, l’Orientale, Mathilde, Cyané), l’aime et se dévoue pour lui. Il reprend enfin la figure humaine après que, sous la forme d’un bélier doré, il a été immolé par Edda ou Mathilde.

À ce moment, il touche au terme de sa course. Il a retrouvé dans le monde de l’Unité sa fiancée d’élection et goûte à ses côtés un bonheur définitif. Pour parfaire son œuvre, il ne lui reste plus qu’à libérer le monde de la loi du changement, à réconcilier le Jour et la Nuit, à unir les quatre Saisons, à marier le Passé, le Présent et l’Avenir. Il semble que Novalis ait eu l’intention de terminer son roman par un poème mythologique dont un fragment seul subsiste et où il aurait montré, comme dans le Conte, la destruction de l’empire du Soleil et l’avénement du royaume de l’Eternité et de l’Unité.

La mort n’a pas permis à Novalis de mettre la dernière main à son œuvre. C’est à peine s’il a pu ébaucher le plan général de la dernière partie, et ce plan même reste la plupart du temps bien vague, incertain et flattant. La mise au point du dénouement de cet extraordinaire roman cosmologique présentait évidemment des difficultés bien malaisées à surmonter. Et l’on peut se demander si, comme le Zarathustra de Nietzsche, Ofterdingen ne serait pas de toute façon resté fragment, même si le poète avait vécu davantage. Et pourtant ! comment ne pas