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L’ŒUVRE POÉTIQUE DE NOVALIS

chantes et délivré des enfers par Mathilde. Il parcourait ensuite l’Orient, où il visitait Jérusalem, retrouvait la famille de la jeune Orientale et recueillait les souvenirs les plus anciens du passé de l’humanité.

Au terme de ce long pèlerinage il aboutit enfin au pays de Sophie, dans cette terre de rêve décrite par le Conte, où les hommes, les bêtes et les plantes, les pierres et les astres, les éléments, les sons et les couleurs vivent en harmonie comme une grande famille, où les fleurs et les animaux s’entretiennent de l’homme, où le monde de la fiction devient visible et où le monde réel apparaît comme une fiction, où la mythologie orientale se marie à la mythologie chrétienne et moderne, où Ofterdingen retrouve toutes les personnes qu’il a connues dans le monde réel sous les traits des êtres de rêve dont le Conte avait dit les destinées.

Parvenu dans cet Éden, il se rend, sous la conduite de Saint-Jean, dans une caverne où s’épanouit la Fleur bleue et où dort Mathilde. Il cueille la Fleur et délivre Mathilde du charme qui la tient captive. Mais à son tour il lui faut, pour s’élever jusqu’aux derniers sommets, franchir tous les degrés de la nature organique et inorganique. Il devient successivement pierre, arbre, bélier doré, achetant chaque fois son passage d’un état à l’autre par un nouveau sacrifice de la Vierge qui, sous ses